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Virtualisation : pourquoi est-elle devenue essentielle pour les infrastructures IT ?

Les infrastructures informatiques font aujourd'hui face à un paradoxe : on leur demande toujours plus de puissance et de souplesse alors que les ressources matérielles et énergétiques se raréfient. Entre l’IA qui s’invite partout, la complexité croissante des systèmes et la pression sur les coûts, la manière d’organiser les serveurs n’est plus un détail technique. C’est devenu une question centrale.

Le gaspillage des serveurs physiques

Un serveur, c’est un ordinateur très puissant. Dans beaucoup d’entreprises, il est installé pour une seule fonction : un site web, une application métier, un stockage de fichiers. Cette logique « 1 serveur = 1 usage » date d’une époque où l’on ne se posait pas trop de questions. En conséquence, ces machines tournent jour et nuit mais ne sont exploitées qu’à 10 ou 15 % de leur capacité. De l’énergie est ainsi consommée pour rien, usant inutilement du matériel et gonflant les factures. À l’échelle mondiale, l’Agence internationale de l’énergie estime que les data-centers représentent près de 1,3 % de la consommation électrique mondiale. On comprend vite que ce modèle n’est plus viable.

La virtualisation : une autre manière d’utiliser le matériel

La virtualisation repose sur une idée assez intuitive : un serveur physique est rarement exploité à sa juste valeur si on lui confie une seule mission. Plutôt que de le brider et de dédier une machine à une seule tâche, on y installe un hyperviseur (un logiciel spécialisé conçu pour répartir les ressources) et on découpe la machine en plusieurs environnements virtuels indépendants : les fameuses machines virtuelles (VMs).

Chacune de ces VMs est isolée, comme un petit ordinateur autonome : elle a son propre système d’exploitation, ses logiciels, ses usages spécifiques. On peut donc faire tourner en parallèle plusieurs services différents sur le même serveur, sans interférence. Le processeur, la mémoire et le stockage sont partagés intelligemment entre les VMs, ce qui permet de tirer parti de la puissance réelle du matériel. Ainsi, au lieu de laisser une machine dormir à 90 % de son temps, elle est exploitée à bon escient.

Les bénéfices concrets de la virtualisation

En tant qu'entreprise, franchir le pas de la virtualisation offre des bénéfices rapides. Cela s'explique techniquement :

  1. Moins de matériel à acheter et à stocker Au lieu de multiplier les serveurs sous‑utilisés, on consolide plusieurs rôles (ERP, messagerie, bases de données, supervision, etc.) sur quelques hôtes physiques (des serveurs centraux capables d’héberger simultanément de nombreuses machines virtuelles). Ces hôtes sont dimensionnés avec suffisamment de processeurs, de mémoire vive et de disques rapides (souvent en RAID) pour absorber la charge.

  2. Moins d’énergie consommée Un serveur exploité à 70 % de sa capacité consomme bien moins que sept serveurs tournant chacun à 10 %. On réduit d’autant les besoins de climatisation dans la salle serveurs.

  3. Plus de souplesse pour les équipes Grâce aux hyperviseurs, créer une nouvelle VM ne prend que quelques minutes. L’allocation CPU/RAM/stockage se fait par glisser‑déposer dans une interface ou par script, là où il faut acheter un serveur, l’installer physiquement et attendre des jours pour le mettre en service.

  4. Une maintenance allégée : les mises à jour matérielles ou logicielles peuvent se faire sans interruption de service grâce aux mécanismes de migration à chaud. Les équipes passent moins de temps sur le support physique et d'avantage sur l’optimisation des services.

  5. Une meilleure résilience : avec des clusters de virtualisation, si un hôte tombe, ses VMs peuvent redémarrer automatiquement sur un autre hôte du cluster. Le risque de panne généralisée est drastiquement réduit.

👉 Selon VMware, une stratégie de virtualisation peut réduire de 50 à 70 % le nombre de serveurs physiques nécessaires dans une infrastructure classique. Nous citons ici VMware pour l’illustration, mais chez Sigilence, nous privilégions les solutions open source comme Proxmox, qui offrent les mêmes avantages sans les contraintes de licences propriétaires.

Le casse-tête des licences

Au-delà du matériel, la virtualisation répond aussi à un problème moins visible mais très coûteux : la gestion des licences logicielles.

Avant : les éditeurs facturaient une licence par processeur (CPU). Si vous aviez deux serveurs avec chacun deux processeurs, il fallait quatre licences.

Aujourd’hui : la plupart sont passés à la licence par cœur CPU. Or, les processeurs modernes affichent 32, 64 voire 128 cœurs. Acheter un CPU avec seulement 4 ou 8 cœurs devient quasiment impossible et on se retrouve désormais souvent avec des licences calculées sur un taux de puissance tel qu'on ne l'exploitera jamais dans son entier.

👉 Conséquence directe : de nombreuses entreprises paient pour des dizaines de cœurs « fantômes », qui ne servent à rien dans leurs applications mais alourdissent la facture.

La virtualisation change la donne : on peut attribuer précisément les ressources CPU, mémoire et stockage nécessaires à chaque VM. Si une VM n’a besoin que de 2 cœurs et 4 Go de RAM, on ne lui donne que cela. Vous dimensionnez au plus juste et évitez de payer pour du vide.

Avec des solutions open source comme Proxmox VE ou KVM, le problème est encore plus simple : il n’y a pas de modèle de facturation à la CPU ou au cœur ni de licence à multiplier. Vous gardez la main sur vos ressources et vos coûts.

Licences CPU

Cas concret : celui d'une PME industrielle

Prenons l’exemple d’une PME de 120 salariés qui faisait tourner 12 serveurs physiques distincts : ERP, messagerie, fichiers, supervision, environnements de test, etc. Chacun était exploité à peine à 20 % de ses capacités, avec beaucoup de matériel, beaucoup d’énergie consommée et des contraintes de maintenance lourdes.

La migration vers une infrastructure virtualisée sous Proxmox VE a changé la donne :

  • Les 12 serveurs physiques ont été consolidés en 3 hôtes centraux correctement dimensionnés.
  • La consommation électrique annuelle a chuté de 65 %, en partie grâce à la réduction du matériel et du besoin de refroidissement.
  • Le temps de restauration après panne est passé de plusieurs heures à quelques minutes grâce aux mécanismes de haute disponibilité.
  • Les coûts liés aux licences logicielles ont diminué de 40 %, l’entreprise n’ayant plus besoin de payer pour des ressources inactives.

Ce que la DSI met surtout en avant, ce n’est pas seulement l’économie, mais la souplesse apportée : créer un environnement de test se fait en quelques minutes et déployer un nouveau service ne dépend plus d’un achat matériel.

Cas concret : Virtualisation

Virtualisation et PME : un outil accessible

Il est important de rappeler que la virtualisation n’est pas l’apanage des grandes entreprises. Même une PME avec un parc limité peut en tirer un bénéfice concret. Virtualiser 2 ou 3 serveurs avec des outils libres, stables et éprouvés comme Proxmox ou KVM est réaliste et rentable. Et les bénéfices sont immédiats :

  • Réduction des coûts : moins de serveurs physiques, moins de licences à gérer.
  • Agilité accrue : la DSI répond plus vite aux besoins des métiers.
  • Maintenance simplifiée : moins de matériel, moins de pannes.
  • Résilience : un incident matériel n’interrompt pas l’ensemble des services.

Conclusion : repenser l’infrastructure IT pour gagner en résilience

La virtualisation est désormais une démarche pragmatique pour construire des systèmes efficaces, souples et économes. Elle permet d’arrêter le gaspillage matériel et énergétique en redonnant de la marge de manœuvre aux équipes IT. La vraie question pour chaque entreprise est simple : votre infrastructure actuelle reflète-t-elle encore vos besoins réels et vos ambitions futures ? Si la réponse est hésitante, la virtualisation est probablement une piste à explorer sérieusement.

Points clés à retenir

  • Les serveurs physiques sont largement sous-utilisés (10 à 20 % en moyenne), ce qui engendre un gaspillage massif.
  • La virtualisation permet de consolider plusieurs usages sur un même hôte, tout en gardant les environnements isolés.
  • Les bénéfices sont concrets : moins de matériel, moins d’énergie, plus de souplesse, une meilleure résilience.
  • Les modèles de licences propriétaires (facturation par cœur CPU) aggravent les coûts ; l’open source (Proxmox, KVM) offre une alternative robuste et transparente.
  • Les PME peuvent elles aussi mettre en place une infrastructure virtualisée efficace avec seulement quelques serveurs.